Vaincre la timidité
ANALYSE - Jade raconte à Girls comment sa timidité a eu une
influence sur sa vie, et comment elle a réussi à en être moins dépendante. Une
ph, la timidité. Ce trait de caractère
qui nous fige quand on se retrouve devant toute la classe, ou que notre crush daigne
nous adresser la parole. Si
la timidité n'est pas un défaut en soi, il faut bien reconnaître qu'elle peut nous empêcher
d'avancer autant qu'on le souhaiterait. Jade a été très timide dans son enfance
et adolescence mais a réussi à avoir plus d'audace au fur et à mesure du temps.
Elle raconte son expérience à Girls.
"J'ai fait une crise d'appendicite en cours de biologie, raconte cette assistante administrative. J'avais peur de la prof car elle n'était pas très douce et je me suis évanouie de douleur à la sonnerie." Résultat : un petit séjour à l'hôpital. Jade n'a pas dit à ses parents qu'elle n'avait pas osé prévenir sa prof. "Je ne voulais pas créer de problèmes", justifie-t-elle.
"J'ai fait une crise d'appendicite en cours de biologie, raconte cette assistante administrative. J'avais peur de la prof car elle n'était pas très douce et je me suis évanouie de douleur à la sonnerie." Résultat : un petit séjour à l'hôpital. Jade n'a pas dit à ses parents qu'elle n'avait pas osé prévenir sa prof. "Je ne voulais pas créer de problèmes", justifie-t-elle.
La peur du ridicule
Comment expliquer que
la timidité puisse pousser à ce genre de situation extrême ? Pour
Marie-France Le Heuzey, pédopsychiatre à l'hôpital Robert Debré à Paris, la
timidité s'apparente à une forme d'anxiété sociale plus ou
moins importante : "Quand les timides sont en contact avec un groupe (à
l'école, en sport, à la plage...), ils ont peur d’être ridicules,
qu’on se moque d’eux, de ne pas bien se comporter, résume-t-elle. Ils ne sont
pas à l’aise en société."
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L'exemple de Jade ne
l'étonne presque pas : "La timidité peut être très invalidante au
niveau social. On n’ose pas prendre la parole, faire un exposé mais
cela peut aussi poser problème dans les intercours, où on a du mal à se faire
des amis, parce qu’on n’ose pas parler aux autres." C'était le cas de
Jade, qui "n'osait pas parler en public de la 6ème à la 4ème" :
"C'était infernal de lever le doigt, la peur d'avoir une mauvaise
réponse, ou de poser une question idiote, se souvient la jeune femme de 30
ans. Je n'ai jamais pu parler en public devant plus de 4 personnes."
Les facteurs de la timidité
En général, la
timidité n'apparaît pas par magie. Marie-France Le Heuzey détecte
plusieurs facteurs pouvant expliquer la timidité : "Ça va souvent de pair
avec un manque d’estime de soi, c'est-à-dire que cela concerne des
jeunes qui se disent 'Je suis trop jeune pour qu’on s’intéresse à moi', 'Je
suis pas assez musclé', ou 'Je ne suis pas habillé à la mode', par
exemple."
La timidité va souvent de pair avec un
manque d'estime de soi
Marie-France Le Heuzey
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Selon Marie-France Le
Heuzey, la timidité n'est pas qu'une question de tempérament, il faut aussi
prendre en compte l'éducation reçue par nos parents : "Si
à la maison, on vous valorise avec des remarques comme 'Tu es intelligente', ça
donne de l’affirmation à l’extérieur, mais si, au contraire, les remarques sont
négatives, du type 'Tu es maladroite', on peut avoir une mauvaise estime de
soi."
Dur d'être timide
Selon Marie-France Le
Heuzey, les timides ne peuvent que difficilement trouver leur place :
"Nous vivons dans une société d’exhibitionnistesavec les réseaux sociaux - sans parler des
émissions de télé-réalité - une société du paraître, du visuel.
Une société de l’image, qui demande à se mettre en avant. Si on est
timide aujourd'hui, c’est pire qu’il y a 50 ans."
La timidité ne colle pas du tout avec la
société actuelle
Marie-France Le Heuzey
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"La timidité ne
colle pas du tout avec la société actuelle, estime la pédopsychiatre.
Autrefois, il y avait une culture de la timidité, notamment chez les filles,
rappelle-t-elle, mais sans dire pour autant que c'était mieux avant. Une jeune
fille bien élevée devait être timide, avoir les yeux baissés."
Jade fait en sorte que
sa timidité ne se remarque pas : "Mes proches ne me voient pas vraiment
comme timide. Je cache plutôt bien mon jeu en faisant le clown, ça
aide", révèle-t-elle. Et au travail ? "J'ai encore des restes de
timidité aujourd'hui, à 30 ans, mais c'est moins problématique et ça se
cache plus facilement par de la politesse exacerbée."
Sortir de sa zone de confort
Compenser sa timidité
en faisant le pitre, par exemple, n'est pas la seule solution. Marie-France Le
Heuzey conseille de "se poser des petits défis", comme
"s’inscrire à des activités agréables où l'on est confronté à d’autres
personnes", et "soigner son apparence" (sans
pour autant être une gravure de mode). "Je vois des ados qui s’habillent
avec des couleurs tristes, qui ont les épaules voûtées et les cheveux dans la
figure. Ça leur fait manquer des occasions de se faire des amis, ça ne les met pas
en valeur et elles ne se valorisent pas", regrette-t-elle.
"Il faut dépasser sa timidité, insiste Marie-France Le Heuzey. Si on reste trop dans son coin, on peut laisser passer des opportunités". De son côté, c'est un déménagement qui a aidé Jade à travailler sur sa timidité. Elle cite des élèves et professeurs "un peu moins sauvages", qui la "rassuraient sur le fait que ses questions n'étaient jamais stupides". Jade a même rejoint la chorale de l'établissement : "Chanter en public ça aide et on a eu un gros concert à la fin de l'année où j'ai chanté au premier rang."
"Il faut dépasser sa timidité, insiste Marie-France Le Heuzey. Si on reste trop dans son coin, on peut laisser passer des opportunités". De son côté, c'est un déménagement qui a aidé Jade à travailler sur sa timidité. Elle cite des élèves et professeurs "un peu moins sauvages", qui la "rassuraient sur le fait que ses questions n'étaient jamais stupides". Jade a même rejoint la chorale de l'établissement : "Chanter en public ça aide et on a eu un gros concert à la fin de l'année où j'ai chanté au premier rang."
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